Burn Out.
Un drôle de premier post. Mais je pense sincèrement que la transparence et la vulnérabilité font partie des valeurs qui construiront un monde plus doux
Burn out.
Une condition que je pensais concernait les autres, notamment celles•eux que j’accompagne. Un nom qui exprime la violence de la société qui broie.
Jamais je n’aurais cru être celle en burn out. Non, je ne pouvais pas. Je suis celle qui prend soin, celle qui prône le repos, enseigne le ralentissement, incarne un modèle alternatif.
Et pourtant, les signes étaient là.
Le burn out n’est pas une crise qui arrive d’un coup. C’est un état qui se révèle petit à petit via l’habitacle que l’on habite : notre corps. Cet habitacle qu’on aimerait croire aussi infini que nos pensées, que notre esprit, que la croissance d’après le capitalisme. Et pourtant, qui est bien fini, avec un nombre de ressources que si, trop dépassées mènent à la catastrophe ; à l’image même de la terre et les limites planétaires.
Burn out.
Tu as commencé comme une maladie inquiétante. Des douleurs atroces, des parties du corps bloquées de façon étrange. Non pas le dos, mais une hanche, un PSOAS, puis les reins, les viscères … Quelque chose que je pensais explicable par le sport, par l’alimentation, le SOPK, par la raison raisonnable de la médecine qui va me donner une pilule magique quoi. Et pourtant, malgré des études médicales, des passages aux urgences, le verdict était là : tout va bien. Du moins, biologiquement, tout va bien.
Tout va bien. Comment ça, tout va bien ?
Mais, pour autant, ça ne va pas du tout. Quelles sont ces douleurs ? Ces nuits de 2h qui se succèdent ? Ces heures de souffrance ? Tout ne va pas bien, je vous l’assure. (Je vous rassure, ça va mieux depuis !)
Burn out.
Burn out complexe.
Sur-menage.
Épuisement.
Stress post-traumatique.
Burn-out pas que professionnel, mais général.
Et tout ça traduit par un corps qui fait mal et la psyché qui n’arrive plus à suivre.
Je fais un burnout. Arrêt maladie depuis début décembre.
Mais la vérité est que je traverse ce burn out depuis bien longtemps.
Mais oh comment j’arrive à (me) le cacher.
Je fais partie de ces personnes à la santé mentale pas tout à fait au top, mais pas aussi mauvaise pour « être réellement prise au sérieux. » Par cela je veux dire que « j’arrive à fonctionner » : à avoir (quelques) relations sociales (selon la période de mon cycle menstruel), continuer des activités professionnelles, parfois faire la cuisine (parfois pas). Ce genre de cas où on me conseille des complément alimentaire accompagné d’un « ça va passer » (qui est, disons-le, tout à fait vrai en général, ma santé mentale ayant une certaine saisonnalité).
Mais quid des 200 messages non-lus sur WhatsApp.
Le trop-plein de sollicitations.
Les aveux tous les quelques mois sur newsletter et instagram régulières que ça va pas au top depuis depuis plus d’un an.
Ma volonté de donner, donner, donner, prendre soin, aider, être généreuse, à l’écoute, présente, là …
En partie par la société patriarcale, j’ai mis une grande partie de ma valeur et mon identité sur le fait de donner.
Couplée à une grande sensibilité à la souffrance qui m’entoure, aux causes « plus grandes que soi » et une spiritualité où je me sens littéralement appartenir à un « grand tout » …
J’en suis venue à oublier que mon corps, lui, était bien fini.
Et le capitalisme ainsi qu’une société fondée sur la raison ne sont pas très soutenants dans l’apprentissage des limites.
Pourtant je me reposais. Ou du moins, je le croyais. Des journées plus light, des routines mises en place. Des « lâchages de grappe » (aka journées de binge-watching Netflix en pleine semaine).
Mais, si la croyance de base, les façons de fonctionner, autour du don de soi ne sont jamais remis en question, mon attention (corps, coeur, esprit) reste continuellement tournée vers l’extérieur.
Quand ma psychologue m’a demandé ce que j’étais d’autre, en plus de cette personne qui « donne », j’ai commencé par lui répondre « une personne au grande coeur », « quelqu’un de généreux », « un petit rayon de soleil. »
Elle a ri gentiment : je ne faisais que lui donner des synonymes …
C’est drôle, triste, inquiétant, et difficile de se rendre compte que j’ai bâti toute mon identité et ma valeur sur ma capacité à donner. Oh, et ça ne date pas d’hier ! Je dirais même que ça fait depuis un trèèèèès bon moment (coucou moi enfant). Et ce n’est évidemment pas que de ma faute : la société patriarcale, la valorisation interne et externe de l’armure de la fille gentille, forte et indépendante, ainsi que la validation de cette image par les autres y sont pour beaucoup (insistons de nouveau un petit coup sur le patriarcat ici).
Culpabilité de ne pas faire assez, mauvaise estime de soi quand je n’arrive pas à être là pour les autres (cf. Les 200 messages WhatsApp restés sans réponse), voire carrément perte de sens. Si je ne donne pas, quelle utilité ai-je ? Si je n’arrive plus à donner, qui suis-je pour le monde ? Suis-je une nuisance ?
Alors que, peut-être que la vraie valeur est juste d’être vivante.
Une réalité philosophique qui n’est pas encore tout à fait la mienne. La route de la dé-construction est longue.
Et « don’t get me wrong », j’adore donner. Mais je n’ai jamais appris à mettre des limites.
Alors le burnout est là pour me l’apprendre. Il ne me donne plus le choix. Mon corps veut se faire entendre et pas seulement sur son pan intuitif, spirituel, sensible, extatique. Il veut être incarné dans l’ici et le maintenant.
Parce que finalement, peut-être qu’on s’en fiche d’avoir une grande mission de vie ou même de lui trouver un sens (coucou le film « Soul » que je vous conseille à 1000% si vous ne l’avez pas vu). Peut-être que le merveilleux ne se vit pas que dans le grandiose mais aussi dans la limite de notre réalité corporelle.
Des grands mots que j’aimerais soient ma réalité, mais qui, je l’avoue ne le sont pas encore.
Le chemin de guérison va être long. La crise somatique un STOP. La prise de conscience un premier pas (ou regarder à droite et à gauche pour s’assurer qu’aucune voiture ne vient, si l’on continue avec la métaphore routière). La guérison, la route sinueuse à travers divers paysages et météos. La destination ? Inconnue. Je sais juste que ça se fait un pas après l’autre (ou un kilomètre après l’autre). Une chose est sûre : ça rabat bien les cartes !
J’ai une gratitude énorme d’être aussi entourée : mes ami•e•s, mes parents, mon compagnon, mon équipe médicale et para-médicale (dédicace spéciale à mes super psychologue et kiné que je sur-kiffe), mais aussi toute la communauté qui m’entoure : vous. Vos messages, bienveillance, soin, compréhension. Je suis émue aux larmes de l’amour que je ressens de beaucoup d’entre vous et de votre soutien. Merci, merci, merci.
J’ai aussi une gratitude énorme de vivre ça aujourd’hui (enfin, pas tout le temps, mais ça m’arrive de plus en plus souvent !). Me dire que j’ai la chance d’apprendre ça maintenant, à mes 30 ans, et de vivre le reste de ma vie avec tout plein de magnifiques leçons. De vivre ça avant de devenir maman et fonder une famille.
Bref, je traverse un burn out.
Et je ne sais pas combien de temps ça va durer.
J’apprends à lâcher prise. Aimer mon corps prend un tout autre sens. Poser des limites une question centrale. Voir avec bienveillance toutes les sur-adaptations pour y ramener de la justesse. J’apprends à gérer le sentiment de solitude, la réalité qu’on est jamais vraiment compris•e par l’autre, et que les choses complexes peuvent parfois être simples (et inversement). J’apprends à recevoir et à être gentille avec moi-même quand mon esprit saute direct au ‘mais qu’est-ce que je pourrais donner en retour ?’.
Détail pratico-pratique : ma reprise pro est prévue pour début mars. « On verra »
Pour l’instant, je fais du vide, je prends soin de moi (et des gens prennent soin de moi). Je verrai bien où est-ce que tout cela me mène.
Prenez soin de vous. Ecoutez les « petits cailloux dans la chaussure » que vous envoie votre corps avant qu’un piano vous tombe sur la tête. Et soyez doux•ces. Même si c’est juste un auto-câlin, le savonnage sous la douche qui se transforme en auto-massage, ou lâcher un micro-gramme de culpabilité de ne rien faire de tout ça. Vous êtes dignes d’amour. Vous êtes entouré•e•s et soutenu•e•s même quand vous vous sentez très (très) seul•e. Pour l’instant je ne peux pas être là pour vous, mais je sais que dans vos vies, il y a plusieurs coeurs prêts à répondre aux appels à l’aide.
Avec beaucoup d’amour,
Layla


Écho à mon 1re burn out… car oui, il m’en aura fallu un second quelques années plus tard pour comprendre en profondeur toute ma vulnérabilité d’humaine et la violence de notre système.
Je te souhaite tout le repos nécessaire et une réelle autorisation à allonger cet arrêt pour qu’il ne soit pas qu’un pansement. Je t’embrasse.
Comment ça me parle de mille et un façon.. burn-out, invisible, le nombre de fois où j'ai "bloqué" complet.. + cette posture quasi toujours dans le don, mon apprentissage et chemin de guérison en cours..
Mais je ne t'écris pas là pour te parler de moi 😄 Juste une façon de te dire que tu n'es pas seule à vivre cela, qu'il n'y a pas un "problème' avec toi 🤍
Est-ce que tu es une créature d'Amour ? J'en suis convaincu et tout ce que tu émanes me le chante.. Mais as-tu besoin de donner, me donner, nous donner, quoique ce soit pour nous apporter ce goût d'Amour incroyable au travers de toi ?
Beh en fait non 🤷 Littéralement à exister tu me fée du bien, ça ouvre (Concrètement !) comme un souffle, une respiration en moi et c'est doux. Affreusement doux 😭🤍
On pourrait ne jamais échanger plus que pour autant juste te savoir exister ça me touche, m'est doux, me nourrit même de quelque chose d'indéfinissable et de précieux
Qu'importe que tu me donnes, nous donne, ou la société/ le monde, quoique ce soit. Juste Merci, mille fois Merci d'être là Layla et d'exister courageusement 💜 C'est déjà suffisant, précieux et bien plus que tu ne peux l'imaginer 😮🙏
Flûte mon message commence à être long (disolé). T'occupes des réponses, tu as le droit à autant de reset et de nouveau départ que tu le veux, et nous on sera là, on te lâchera pas et on t'aimera même si tu ne devais plus jamais donner quoique ce soit (comme si c'était possible 😄).
Nourrit là où ça t'es essentiel et prioritaire, moi-même je n'attends aucune réponse ou échange, et tout le reste prendra place, à son rythme. Ce qui est juste, pour toi, uniquement pour toi. C'est déjà suffisant 🌼
Nicolas